Une tragédie historique
Il faut bien constater que les révélations extraordinaires du roman concordent pratiquement toutes avec la réalité des évènements historiques que le héros va traverser à la manière d’un Ulysse. « Vae victis » (malheur aux vaincus) Les vainqueurs ont le privilège de publier leur histoire. Le XXe siècle, meurtrier sans égal, aura vu triompher une civilisation occidentale libérale, chantre du progrès et de la consommation contre un orient fatalement obscur et barbare.
Le roman révèle une Europe orientale méconnue, profondément enracinée dans la civilisation et honteusement abandonnée par l’occident. L’ascendance maternelle Bavaroise du héros, son épouse Hongroise et sa belle fille Polonaise permettent de découvrir une histoire européenne étrangement ignorée au profit de thèses biaisées favorables aux grands empires naissants.
Le récit révèle aussi le rôle déterminant dans ces guerres de l’action de la puissance financière internationale triomphante qui ne connaît ni les frontières ni la défaite. L’auteur écarte les idéologies de partis et les nationalismes pour restituer sans masque la force attractive des trois courants fondamentaux qui vont s’affronter et bouleverser le XXe siècle : les conservateurs, les libéraux et les forces révolutionnaires totalitaires. Chacune de ces puissances est portée par des acteurs du roman. Le filleul du Tsar ne cesse d’être secoué entre elles à l’image d’un Don Quichotte sur sa monture.
L’agonie de l’Europe est froidement analysée par la princesse Tin au confucianisme préfigurant le réveil de l’Asie.
Une tragédie historique dont l’auteur à su tirer un sentiment d’une formidable nostalgie, celle d’une « belle époque » qui offrait tant d’espérances à l’orée du XXe siècle. Une Europe d’hier définitivement disparue qui n’est pas sans rappeler ce monde décrit par Stéfan Zweig.