Le XXe siècle,
civilisation nouvelle
et matérialisme
destructeur

La période précédant la première guerre mondiale a été qualifiée de « Belle époque ». Cette appellation doit sans doute beaucoup à la nostalgie d’un moment paisible fortement illuminée par les progrès techniques. Ces progrès techniques qui se manifestent très concrètement par l’apparition des lignes de chemin de fer, du téléphone, de l’éclairage public, de l’hygiène etc… sont une source inépuisable d’espérance et de confiance dans le progrès. Il suffit de parcourir les journaux de l’époque. Les rêves des romans de Jules Verne sont en devenir… Tout est scientifique, rationnel et donc en principe prédictible… Il est notable que cet enthousiasme pour le progrès pénètre toute l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural et bien sûr aux Etats-Unis d’Amérique. La Russie impériale, l’Autriche-Hongrie, l’Allemagne ne sont pas en reste de prix Nobel durant cette période et toutes les villes rivalisent d’embellissements. Pour autant, personne n’est en mesure de prévoir le cataclysme qui s’annonce. Le serait-il, on ne croirait pas le fou qui aurait l’audace de l’annoncer. Est-ce le prix d’une nouvelle civilisation ?

Un montant de pertes humaines incalculable

Non, personne ne prévoit qu’entre 1914 et 1945, le chaos des deux guerres mondiales allait tuer entre 80 et 100 millions d’individus (selon les estimations basses et hautes…) Des pays comme les Baltes, la Russie et la Pologne vont voir leur population amputée de plus de 15%. Il faut compter aussi les exterminations de la Shoa et les génocides staliniens en Russie et japonais en Chine. Il faut sans doute remonter aux grandes guerres religieuses opposant princes protestants et catholiques durant 30 ans en Europe au 17eme siècle pour trouver des pertes comparables. A l’occasion du centenaire de la première guerre mondiale, un ouvrage sur les raisons de son déclenchement porte un titre éloquent : «Les somnambules». En dehors des analyses politiques qui partagent encore les spécialistes, c’est à se demander si l’humanité n’a pas été prise dans une spirale d’accélération progressiste qu’elle n’arrive pas à suivre sans l’accomplissement de cataclysmes titanesques qui eux-mêmes participent à ce fameux « progrès ». L’homme semble être rentré comme envoûté par l’électricité dans une nouvelle civilisation.

D’accidents annonciateurs à la surpuissance atomique

Le naufrage du Titanic en 1912 et dans une moindre mesure l’incendie du dirigeable Zeppelin en 1937 stupéfient le monde. La technique serait-elle faillible ? Il est déjà trop tard pour s’attarder sur cette question. Le coût du progrès est financièrement lourd et souvent seuls les Etats ont la capacité d’en garantir le financement. Encore faut-il qu’une nécessité en justifie la politique. Si elles ont été d’énormes destructrices, les deux guerres ont également dynamisé la recherche et le progrès technologique sans commune mesure avec aucun précédent dans l’histoire connue des hommes. Le père de l’auteur note le caractère futuriste de l’équipement des armées allemandes en 1940 lorsqu’elles entrent dans Paris comparé à celui des Français. Quatre ans plus tard l’équipement Allemand fait pâle figure à côté de celui des américains. Entre temps la gigantesque puissance industrielle américaine déploie à démesure ses capacités. La technique des chaînes de montages inaugurées par les usines Ford vingt ans plus tôt est démultipliée. Partout dans le monde les hommes et les femmes s’affairent dans les usines comme des fourmis. Qu’il soit forcé ou patriote, le travailleur incarne désormais cet ouvrier mythique à la fois soldat et technicien tout de muscle et de prétendue volonté révélé par les sculptures d’art nouveau. Cette figure de surpuissance prolétarienne écrasant l’ancienne humanité n’est pas exclusivement communiste. Elle se retrouve dans les bas-reliefs des bâtiments officiels de Washington jusqu’à Paris en passant par Naples, Berlin et jusqu’à Moscou. Partout répond aux détonations des canons l’écho ininterrompu du bruit de forges qui résonnent comme celles des Orques et des Nains dans les romans de Tolkien. C’est l’Amérique qui gagne la course à la création de la supère bombe dont rêvait Hitler.

Une nouvelle civilisation ?

L’explosion des deux bombes atomiques en 1945 au Japon annoncée à la fin du roman va durablement bouleverser le cours de l’histoire sans que les sociétés humaines ne semblent pour autant en capacité de s’y adapter. Nous continuons à examiner notre environnement, à la lumière, selon, des pères de l’Eglise, d’Erasme, de Descartes de Voltaire ou de Marx ou encore de Nietzche. Des lumières certes respectables mais si vieilles… Vieilles comme le Tsar.
L’écrivain Marcel Jouhandeau répondait à l’anxiété d’Ernst Jünger devant les exactions commises en 1944 en disant : je me console en lisant les lettres de Cicéron. Une manière de dire : cela a toujours été comme cela. Pour autant, André Malraux fera plus tard cette remarque lapidaire : Jules César aurait pu s’entendre avec Napoléon 1er mais certainement plus avec le président Johnson. L’abdication de Nicolas II et le renoncement à la couronne de ses frères ne constituent pas seulement une réponse à un état de fait politique. Plus mystérieusement les Princes tirent leur révérence devant un destin dont ils pressentent ne plus être les maîtres, pas plus leurs sujets, et peut être, ni même les dieux. Le monde semble retourner aux Titans de la mythologie grecque, là où tout aurait commencé…

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