Une saga romantique

L’intrigue est nouée par les tensions passionnelles des acteurs et de leur famille dont les sentiments arrivent toujours à dépasser les oppositions. Ces élans qui animent constamment le récit contrastent avec la puissance nihiliste qui s’abat sur le siècle. A l’enfer des destructions titanesques et aux sociétés de masses déshumanisées des années 30, l’auteur oppose l’esprit chevaleresque suranné d’un héros à l’image d’un saint médiéval. Les acteurs  s’envolent dans l’éther immaculée de l’Himalaya et se ressourcent dans la Taïga purificatrice du Tigre de Sibérie. L’eau du lac a un parfum et la douceur mystérieuse du marais apaise la méchanceté des hommes. Même la psychopathologie des personnages les plus criminels incarnant la puissance totalitaire n’échappe pas à la force de l’onirisme.

Le caractère romanesque est renforcé par l’inconscient manifeste des personnages. Cette dimension les ramène du statut de héros de contes et légendes à une humanité plus triviale et néanmoins attachante. Il en est ainsi des inclinaisons amoureuses de Michel Trepchine. A travers Tin, Alexandra, Ilona et Marina, il désire en réalité passionnément la Russie. Celle-ci demeure personnifiée par le souvenir de son premier amour : Olga la fille ainée du Tsar dont il porte à tort ou à raison la charge coupable de l’abandon. En servant le Tsar,  le vieux Marquis de Villeneuve affirme sa volonté de moderniser la Russie mais il maintient aussi son rang issu d’une France idéalisée d’ancien régime dont il cultive les charmes imaginaires. Trahi par la société des hommes et leur guerre, Ilona la pianiste et le chef d’orchestre Karvengler ne deviennent pas amants l’un pour l’autre mais pour le "privilège de servir la musique” : "Là réside notre amour… Notre véritable et grand amour ! Rien ni personne ne pourra jamais nous le retirer. Le monde peut bien s’écrouler, il lui survivra.” Et si Sacha, déporté en Sibérie ne se fait plus d’illusion sur ses idéaux communistes, il n’est plus sujet à la violence : "J’aime passer des heures à garder les rennes et ne plus penser à rien. Je suis devenu un étranger dans mon propre pays. Je n’ai plus de famille. Totalement proscrit. Totalement étranger. Alors, comme dans le poème de Baudelaire : « J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages ! » ". Ces aspects oniriques confèrent un charme puissant aux personnages et au roman.

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